L'ordre improbable : entropie et processus sociaux
Auteur / Autrice : | Michel Forsé |
Direction : | Jacques Lautman |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 1987 |
Etablissement(s) : | Paris 5 |
Mots clés
Résumé
Conformément au point de vue de la mécanique classique, toutes les sociologies du changement social ont associe équilibre et ordre. Les apories auxquelles elles ne manquent pas de conduire peuvent être levées si l'on adopte la perspective thermodynamique qui consiste au contraire à associer équilibre et désordre. Si l'on fait l'hypothèse que les systèmes sociaux sont caractérisés par une exigence de stabilité, il est possible de démontrer que leur état de stabilité maximale correspond à leur état de plus grand désordre. Dynamiquement, ils tendent spontanément vers cet état d'équilibre ou l'entropie est élevée. On aboutit alors à une modélisation correcte des trois grandes classes de processus sociaux : ceux où il y a altération, ceux où il y a mouvement et ceux qui affectent une hiérarchie. Les applications à des séries empiriques révèlent que ce que le modèle prédit est conforme avec ce qui s'observe. Il faut néanmoins se méfier des représentations trop intuitives du chaos. S’agissant de repartir une ressource limitée entre un grand nombre d'individus, la distribution la plus stable et désordonnée possible est celle qui lie par un exponentiel inverse nombre d'individus et niveau de ressource. Inégalité et société se révèlent par la indissociables. Pourtant la loi d'entropie se traduit aussi par le fait que l’égalité tend à augmenter irréversiblement. Les sociétés ne sont donc pas, comme d'aucuns l'ont récemment prétendu, des systèmes capables de s'auto-organiser spontanément. En tant que systèmes ouverts, elles peuvent trouver la néguentropie nécessaire à une restitution d'ordre en leur sein mais cet ordre, qui est toujours beaucoup plus improbable que le désordre, n'y est jamais définitivement acquis.