Thèse soutenue

Les croisières françaises de répression de la traite des noirs sur les côtes occidentales de l'Afrique (1818-1850)

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Auteur / Autrice : Serge Daget
Direction : Jean Ganiage
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 1987
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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L'action des croiseurs français de répression de la traite des noirs ne peut être comprise, si l'on n'a point posé au préalable l'état des forces que ces croiseurs doivent réprimer. La traite illégale depuis 1818 en France, les armateurs négriers métropolitains et antillais ne se privent pas de la pratiquer, sans susciter de fortes réactions des autorités officielles, lesquelles ont cependant institué un système répressif sur la cote d’Afrique. Des conditions sociales, culturelles, politiques, diplomatiques, expliquent autant que les conditions économiques cette permanence d'une activité plus que séculaire. Dès lors, la question est de savoir comment les agents de la répression vont opérer sur la cote d’Afrique, et si leurs résultats ne sont pas évidents, se demander pourquoi. Les croisières françaises, d'abord inopérantes, se plient peu à peu à leur devoir : elles capturent des négriers nationaux, jugés et condamnés. Apres une longue politique de patience et de dénonciations l’Angleterre obtient en 1831 ce qu'elle réclamait jusqu'alors vainement : une collaboration officielle des deux marines de guerre contre les bâtiments négriers. Or, une troisième loi abolitionniste française a pour résultat de mettre fin à la traite nationale. L'on est ainsi devant le paradoxe qu'un système répressif théoriquement efficace n'a plus d'objet réel de s'exercer. Une situation idyllique est créée par la traite introuvable. Des forces dont les intérêts sont bien moins humanitaires que politiques suscitent une grave crise en France, cherchant à supprimer les conventions signées en 1831-1833. Si elles obtiennent un succès, il reste qu'une nouvelle convention avec la nation toujours sentie comme rivale et machiavélique donne naissance à une splendide croisière : elle ne vit qu'une année, car inutile et incapable d'agir contre les nombreux négriers brésiliens ou espagnols. Ainsi, d'une façon générale, il faut conclure à l'échec de la répression française. Cependant, toutes les raisons de cet échec ne sont pas militaires. Le poids des mentalités acquises, des besoins économiques d'ailleurs moins pressants qu'on ne le dit, la faiblesse de doctrines humanitaires incapables de renouvellement, sont parmi les causes profondes de l'échec. En somme, une histoire négative, répétitive, sans évènement marquant. Les progrès de la connaissance de l'homme en Afrique sont à peu près insensibles.