Thèse de doctorat en Littérature comparée
Sous la direction de André Rousseau.
Soutenue en 1986
à Aix-Marseille 1 .
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Rites, games and passages or the demon of writing. Study of the fantastic in the tales of Julio Cortazar
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« Rites, jeux et passages » désignent à la fois un corpus littéraire – c’est le titre donné par Cortazar à l’édition complète de ses nouvelles – ; une scansion thématique ; et un système de significations renvoyant aux structures anthropologiques de l’imaginaire. Le mythe, l’inconscient, l’histoire apparaissent tour à tour comme les axes de vraisemblance privilegiés par ces récits écrits entre 1944 et 1982 : ils sont aussi les trois articulations de notre écriture critique, fiction en puissance problématisée par des rites, jeux et passages qui loin de codifier la pensée, permettent d’accéder à une réalite interstitielle. Ni mythographie ni pathographie, mais jouant sur ces allusions très référentielles, le récit fantastique ici suggère des passages entre l’inconscient et l’archaïque ; et en faisant souvent de la psychose la condition de notre perception d’une fiction au délire inducteur, Cortazar fait de la folie la métaphore du mal moderne. La modernité de et dans ce fantastique réside alors dans la confusion délibérée de la mythologie littéraire des troubles fantastiques et de la mythologie des troubles politiques : ce passage de l’histoire de spectre au spectre de l’histoire, cette coalition de l’oppresseur nocturne et de l’oppresseur diurne, ne sont pas résolutifs. Le fantastique puise ici dans une terreur contemporaine – l’état d’exception, les "disparus". . . – qui défie tout sens de l’histoire pour plonger le héros dans un dechaînement des éléments : la tourmente de l’histoire. Le labyrinthe, comme forme de l’idéologie du texte et dans le texte, comme figure emblématique d’une écriture à "metis" – l’intelligence retorse des grecs –, suggère que le récit fantastique cortazarien est l’aporie dont il parle. L’impossible à dire et l’impossibilite d’échapper à ce dire figurent une tache aveugle de la représentation – l’angle mort de l’écriture –, et un univers textuel labyrinthique fondé sur « l’oto-suggestion » et « l’inouï ». Ainsi ce que nous appelons « la caracole fantastique » par référence à un déplacement spirale et a-porétique, mène le heros et son lecteur dans l’immense – l’étendue hors de proportions – et l’inconsidérable – hors de considération. L’épiphanie obsédante du masque de terreur est ainsi la mise en abîme du fonctionnement même du récit fantastique en tant que machine textuelle à figurer l’infigurable. Le récit fantastique devient l’objet fantastique par excellence : un masque de Méduse.